Lyrics Nadia Sorelli – Photo Lisa Lesourd
«Je ne voulais surtout pas me retrouver à jouer l’Asiatique de service, le cuistot ou le ninja. Alors j’ai refusé également tous ces rôles là. »
C’est bien lui l’acteur Français qui a fait le plus d’entrées au cinéma. Ce comédien d’origine cambodgienne,
repéré grâce au succès phénoménal du film Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? , est
la preuve qu’il n’est jamais trop tard pour réaliser ses rêves. Et quand Frédéric Chau s’est décidé à
poursuivre les siens, rien ne le prédestinait à arriver là où il est aujourd’hui.
Si le nom de Frédéric Chau n’est pas encore sur toutes les lèvres, il le sera bientôt. Une réussite exceptionnelle dans un Septième Art français dénué d’acteurs d’origine asiatique. « Quand j’ai débuté, il n’y avait pas d’asiatique dans mon cours de théâtre, et encore moins dans le cinéma. Mais je ne me suis pas découragé, j’ai persévéré. Je suis un travailleur acharné, et ça je le dois à mes parents. » Grâce à un passage au Jamel Comedy Club, la carrière de Frédéric va alors démarrer. «Le Jamel Comedy Club, c’est la meilleure école qui soit. Mais c’était avant tout une expérience pour me familiariser avec la scène. J’étais très timide, et quand on m’a parlé de ce casting, je me suis dit que faire du stand-up face à un public qui ne me connaissait pas serait un bon moyen de surpasser cette timidité. Certes, ça a été un bon tremplin, mais pour moi, il n’a jamais été question de faire carrière dans le stand-up.» Mais si le succès est au rendez-vous et les premières opportunités se présentent, Frédéric se refuse à accepter n’importe quelle proposition, quitte à rater bien des occasions de se faire connaitre du grand public. « On m’a sollicité pour être chroniqueur dans des émissions, mais ça ne m’intéressait pas de le faire. Ce n’est pas mon métier. Depuis le départ, je n’aspire qu’à être comédien, mais je ne voulais surtout pas me retrouver à jouer l’Asiatique de service, le cuistot ou le ninja. Alors j’ai refusé également tous ces rôles là. »
Aujourd’hui, les choses semblent avoir bel et bien changées depuis le succès de Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?. Les portes s’ouvrent enfin pour Frédéric Chau, y compris à l’international. « J’ai passé un casting il y a quelques mois pour une grosse production américaine et le nom du personnage pour lequel on m’a sollicité se nommait Simon LeBon ! J’étais vraiment surpris parce que c’est la première fois qu’on me sollicitait pour un rôle dont les origines n’étaient pas définies. Et c’est à cela que j’aspire. Je ne veux pas qu’on me définisse en fonction de mes origines dans mon travail. Je veux qu’on me perçoive juste comme un acteur. »
Hier inconnu, Frédéric Chau est devenu en quelques années l’une des valeurs montantes du cinéma français. Grâce aux succès des films Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? et Lucy (qui ont totalisé plus de 17 millions d’entrées à eux deux), le voilà sacré « acteur qui a eu le plus de succès au cinéma en 2014 » (par le magazine Première). Une consécration que Frédéric a choisi de prendre avec la plus grande humilité. « C’est flatteur certes, mais je ne suis pas dupe. Cela ne veut pas dire grand-chose. C’est juste des calculs, mais cela ne signifie pas pour autant que le public sache qui je suis. » Un détail qui devrait changer assez rapidement avec la multitude de projets sur lesquels Frédéric travaille actuellement. A commencer par son premier long métrage intitulé Made In China dont il vient de terminer l’écriture du scénario et qui devrait être tourné d’ici 2016. Parallèlement, il développe une série sur son passé de steward (chez Air France) pour le groupe Gaumont. Mais avant cela, Frédéric Chau sortira un livre sur son histoire et celle de sa famille au mois d’octobre. Un projet qui lui tient particulièrement à coeur et qui devrait faire la fierté de ses parents.