photo illustration Julien Pitinome
Samedi 17 mars à Paris, plusieurs milliers de personnes ont manifesté de la place de l’Opéra à celle de la Bataille-de-Stalingrad lors de la « Marche des Solidarités » contre le racisme d’Etat et ses conséquences. —
A l’occasion des journées internationales 2018 contre les violences policières – 17 mars – et pour l’élimination de la discrimination raciale – le 21 du même mois -, un appel à marcher contre le racisme d’Etat et les discriminations liées (violences policières, chasses aux exilé.e.s…) a été lancé il y a plusieurs mois. Familles de victimes de violences policières, collectifs de sans-papiers, de migrant.e.s, contre la répression, mais aussi résidents de foyers de travailleurs migrants, tou.te.s se sont rencontré.e.s pour organiser cet événement.
De nombreuses et nombreux Francilien.ne.s ont répondu présent.e.s, ayant fait des départs groupés depuis plusieurs villes de banlieue en direction du 9ème arrondissement, mais également des militant.e.s venu.e.s en car de toute la France. Ramata Dieng, soeur de Lamine tué par la police en 2007 et co-organisatrice, a pris la parole pour lancer la marche, après avoir rappelé le pourquoi de la mobilisation et listé les noms des personnes tuées par la police. Ouverte par des familles de victimes, la manifestation s’est lancée sur la rue La Fayette derrière une banderole « Riposte populaire ». Pendant près de deux heures, les manifestant.e.s ont bravé la neige et le froid. Plusieurs cortèges se suivaient : sans-papiers et migrant.e.s, résidents de foyers et habitant.e.s de quartiers populaires – derrière une même bannière « Egalité des droits » -, militant.e.s de solidarité internationale avec les colonies d’Outre-Mer et les pays en guerre, partis et syndicats… Etait également visible un cortège en hommage à la militante afro-féministe Marielle Franco, assassinée le 14 mars dernier, à Rio de Janeiro ; figure afro-brésilienne de gauche, la jeune femme ayant grandi en favela était engagée pour les droits humains et contre les violences policières.
Arrivée à Barbès, la marche s’est arrêtée pour laisser les représentants des sans-papiers et migrant.e.s s’exprimer, derrière une banderole « Liberté de circulation et d’installation ». Les revendications concernaient la chasse et les rafles dont elles et ils sont victimes, et plus généralement contre la politique migratoire du gouvernement et notamment pour le retrait du projet de loi Asile – Immigration. Quelques centaines de mètres plus loin, à la station de métro La Chapelle, des agents de la sureté RATP ont essuyé des jets de boules de neige en signe de protestation face à l’encadrement sécuritaire du quartier. A la fin de la manifestation, devant la Rotonde de la Villette, des prises de paroles se sont succédées malgré les intempéries. Les manifestant.e.s ont notamment entendu des proches de victimes de violences policières comme Assa Traoré, soeur d’Adama tué en juillet 2016, ou encore Aurélie Garand, soeur d’Angelo abattu par le GIGN en mars 2017. Sur la place, un village associatif accueillait les stands des organisations ainsi qu’une restauration à prix libre. Le journée s’est terminée par le concert d’une fanfare. Les perspectives de la Marche se trouvent à la fin de l’appel, qui se terminait ainsi : « Nous appelons à construire un front antiraciste, qui puisse, au-delà de cette manifestation, résister aux politiques sécuritaires et identitaires, et construire des réponses politiques et économiques ». Dans le même temps, des manifestations contre les violences policières et le racisme se sont déroulées dans plusieurs villes de France mais surtout dans près de soixante-dix villes dans toute l’Europe. »