Lyrics et Photo – NnoMan – 18 Février 2018
Récemment, les médias ont beaucoup parlé de la prison pendant les grèves des surveillant.es pénitentiaires. Ils ont parlé quasi uniquement et unilatéralement des surveillant.es et de leur point de vue. Qu’en est il des détenu.es ? De leur parole ? Pour l’association GENEPI, les revendications des personnes incarcérées ne sont pas prises en compte.
Ce dimanche 18 février, plusieurs groupes ont mené différentes actions à Paris, dans le but de sensibiliser autour de ces questions, avec pour mot d’ordre « L’ETAT ENFERME, LA PRISON ASSASSINE »
Sur le pont des Arts, une banderole a été déployée; dans les jardins du Luxembourg, une marelle pour enfant a été dessinée au sol et place de la Bastille, une cellule a été reconstituée, pour permettre aux passant.es de prendre conscience que (sur)vivre, à 4, dans une cellule de 9m2, 22h par jour … c’est compliqué.
Rencontre avec des membres de GENEPI pour en savoir plus sur leur façon de concevoir le mileu carcéral.
« Quand on dit « la prison assassine » c’est au sens large. Oui il y a des morts en prison, oui des personnes se suicident, il y en a qui meurent par manque de soins… mais plus largement la prison est une entreprise de destruction sociale, destruction des individus et d’un certain type de la population ; les personnes pauvres, les personnes racisées, les personnes de quartiers populaires… et personne n’en parle.
Nous, on assimile la prison à la peine de mort. A un moment donné la France a considéré que la peine de mort c’était indigne, nous on va plus loin, on dit que la prison est indigne et qu’il faut se mobiliser sur ces questions.
On essaye de questionner sur les conditions de vie en détention, mais aussi sur qui est en prison. Qui est incarcéré ? La plupart des gens en prison sont là pour des raisons économiques, ils survivent d’une façon qui n’est pas légale dans ce système. Ils n’ont rien à faire là.
Et le travail… C’est important de parler des personnes détenues qui travaillent en prison pour les grandes entreprises, ils font les petites mains en étant payés à la pièce et sans contrat de travail. Donc d’un côté, la prison bénéficie au maintien de l’ordre et du système parce que ça fait peur aux gens, et d’un autre côté, ça bénéficie au secteur privé qui fait des profits sur la dignité des gens.
On considère que la prison c’est souvent un angle mort de la réflexion chez les militant.es. On entend beaucoup « ces militant.es ne devraient pas être incarcéré.es » et nous ça nous dérange car ça vaut pour les militant.es mais également pour toutes les personnes incarcérées.
La prison c’est véritablement un outil de la gestion de la déviance sociale. Ils enferment les pauvres, et celles et ceux qui sont en dehors des cases du système.
On veut lancer un appel pour le milieu militant, dire que la prison c’est le point final de tout ce qu’ ils combattent à l’extérieur. Le mal logement, la précarité… Au bout du chemin il y a la prison. On doit se reconnecter dans nos luttes. »
A la suite de cette journée d’action, les membres de GENEPI ont publié un communiqué à travers lequel, ils le réaffirment « Demain, nous continuerons à aller dans la rue et à interpeller les passant.e.s ; nous continuerons à aller dans les collèges et lycées afin de déconstruire dès le plus jeune âge les fantasmes carcéraux ; nous continuerons à former politiquement plusieurs centaines de bénévoles chaque année ; nous continuerons à parler, à débattre, à s’époumoner parfois ; nous continuerons toutes ces actions, minimes mais essentielles. Nous continuerons à lutter ! »